Pourquoi le CBD doit être extrait de la plante de chanvre

Le cannabidiol (CBD) représente l'un des composés phytochimiques les plus fascinants du monde botanique moderne. Cette molécule non-psychoactive, issue des variétés de chanvre industriel (Cannabis sativa L.), suscite un intérêt croissant tant dans la recherche scientifique que dans l'industrie du bien-être. L'extraction du CBD de la plante de chanvre constitue une étape cruciale déterminant directement la qualité, la pureté et l'efficacité du produit final. Les propriétés biologiques uniques du CBD et son potentiel thérapeutique dépendent intrinsèquement de la manière dont il est isolé et préservé durant le processus d'extraction.

La complexité biochimique du chanvre, avec ses centaines de composés bioactifs interagissant entre eux, impose des méthodes d'extraction sophistiquées capables de préserver cette richesse moléculaire. Chaque technique d'extraction influence significativement le profil cannabinoïde final, la présence de terpènes aromatiques et de flavonoïdes antioxydants, ainsi que la biodisponibilité du produit. Face à l'essor extraordinaire du marché du CBD, comprendre les fondements scientifiques de ces procédés devient essentiel pour identifier les produits de qualité supérieure.

Méthodes d'extraction du CBD : techniques et procédés scientifiques

L'extraction des cannabinoïdes de la plante de chanvre s'appuie sur des procédés physico-chimiques exploitant la solubilité de ces molécules. Le choix de la méthode d'extraction influence directement la composition finale, la pureté et l'efficacité du produit. Chaque technique présente des avantages distincts en termes de rendement, sélectivité moléculaire, coût et impact environnemental. Les professionnels de l'industrie sélectionnent méticuleusement leur méthode d'extraction en fonction de l'application visée et du profil cannabinoïde recherché.

L'extraction par CO2 supercritique : standard d'excellence industriel

L'extraction par CO2 supercritique représente actuellement la méthode la plus sophistiquée et la plus précise pour isoler le CBD de la plante de chanvre. Cette technique utilise le dioxyde de carbone dans un état physique particulier appelé "supercritique" - ni liquide ni gazeux - obtenu en soumettant le CO2 à des conditions spécifiques de température (31°C) et de pression (73,8 bar). Dans cet état, le CO2 acquiert des propriétés de solvant exceptionnelles, permettant d'extraire sélectivement les cannabinoïdes tout en laissant les composés indésirables.

Les avantages majeurs de cette méthode résident dans sa précision moléculaire et sa pureté. Le CO2 supercritique peut être ajusté très finement pour cibler certaines molécules spécifiques en modifiant légèrement les paramètres d'extraction. De plus, étant naturellement présent dans l'atmosphère, le CO2 ne laisse aucun résidu toxique dans l'extrait final, contrairement aux solvants organiques traditionnels. Cette méthode préserve également l'intégrité des composés thermosensibles comme les terpènes, contribuant à l' effet d'entourage recherché dans les extraits à spectre complet.

L'inconvénient principal reste l'investissement initial considérable. Les équipements d'extraction au CO2 supercritique nécessitent un capital de départ important, des opérateurs qualifiés et une maintenance régulière. Ces coûts se répercutent inévitablement sur le prix final des produits, mais garantissent une qualité et une sécurité optimales pour le consommateur.

Extraction par solvants éthanol et hydrocarbures : avantages et limitations

L'extraction par solvants organiques, notamment l'éthanol et les hydrocarbures (butane, propane), constitue une méthode plus accessible mais comportant certains risques. L'éthanol, un alcool de qualité alimentaire, offre l'avantage d'extraire efficacement un large spectre de cannabinoïdes et de terpènes tout en étant relativement sûr à manipuler. L'extraction à l'éthanol refroidi (cryoextraction) permet de minimiser l'extraction des chlorophylles et d'autres composés végétaux indésirables qui peuvent affecter le goût et la couleur du produit final.

Les hydrocarbures comme le butane offrent une extraction très efficace des cannabinoïdes mais présentent des risques significatifs d'inflammabilité et d'explosion lors de la manipulation. Ces solvants doivent être complètement évaporés du produit final pour garantir la sécurité du consommateur. Des traces résiduelles peuvent persister et présenter des risques pour la santé. La présence de solvants résiduels est strictement contrôlée dans les produits commercialisés légalement, avec des limites maximales définies par les autorités sanitaires.

L'extraction par solvants organiques permet d'obtenir des rendements élevés à moindre coût, mais implique des contrôles rigoureux pour garantir l'élimination complète des substances potentiellement nocives.

Les laboratoires professionnels utilisent des techniques d'évaporation sous vide et de distillation pour purifier leurs extraits et éliminer toute trace de solvant. Ces étapes supplémentaires augmentent les coûts de production mais sont indispensables pour assurer la qualité et la sécurité du produit final. Les analyses chromatographiques permettent de vérifier l'absence de solvants résiduels avant commercialisation.

Extraction à froid par ultrasons : préservation des terpènes et flavonoïdes

L'extraction assistée par ultrasons représente une innovation récente dans le domaine des techniques d'extraction du CBD. Cette méthode utilise les ondes sonores à haute fréquence pour créer des micro-cavitations dans un solvant (généralement de l'éthanol ou un mélange eau-éthanol), ce qui facilite la libération des composés bioactifs des cellules végétales sans recourir à des températures élevées. La préservation de la température basse (généralement entre 25°C et 35°C) constitue l'avantage majeur de cette technique.

Les terpènes et flavonoïdes, molécules particulièrement sensibles à la chaleur, sont exceptionnellement bien préservés lors de l'extraction par ultrasons. Ces composés contribuent significativement au profil aromatique et aux bénéfices thérapeutiques des extraits de chanvre grâce à l'effet d'entourage . La technique ultrasonique permet également de réduire considérablement le temps d'extraction (de plusieurs heures à quelques minutes) et la quantité de solvant nécessaire, s'inscrivant ainsi dans une démarche plus écologique.

Cependant, cette méthode reste encore principalement utilisée à l'échelle laboratoire ou pour des productions de petite envergure. Son application industrielle se développe progressivement, mais nécessite des équipements spécialisés et un savoir-faire technique considérable pour optimiser les paramètres d'extraction en fonction de la matière première utilisée.

Distillation à vapeur : technique traditionnelle revisitée

La distillation à vapeur, méthode ancestrale utilisée depuis des siècles pour l'extraction d'huiles essentielles, trouve également sa place dans l'extraction des cannabinoïdes. Cette technique repose sur le principe physique selon lequel les huiles volatiles peuvent être entraînées par la vapeur d'eau à des températures inférieures à leur point d'ébullition normal. Pour le chanvre, cette méthode permet d'extraire principalement les terpènes aromatiques, créant ce qu'on appelle l'hydrolat de chanvre, riche en composés volatils.

L'avantage principal de la distillation à vapeur réside dans sa simplicité et son caractère naturel, n'utilisant que de l'eau comme solvant. Toutefois, son efficacité pour l'extraction spécifique du CBD reste limitée comparée aux méthodes modernes. Les températures impliquées (généralement autour de 100°C) peuvent également dégrader certains cannabinoïdes thermosensibles et modifier le profil terpénique original de la plante.

Cette technique est souvent utilisée comme étape complémentaire dans un processus d'extraction plus complexe, notamment pour récupérer les terpènes volatils avant de procéder à l'extraction des cannabinoïdes par d'autres méthodes. La combinaison de différentes techniques permet d'optimiser la qualité et les propriétés du produit final.

Extraction par lipides : méthode artisanale pour l'usage domestique

L'extraction par lipides représente probablement la méthode la plus accessible pour les petites productions ou l'usage personnel. Elle consiste à infuser la matière végétale dans une huile végétale (huile d'olive, huile de coco, huile MCT) à température contrôlée pendant plusieurs heures. Les cannabinoïdes, naturellement liposolubles, se dissolvent progressivement dans le support huileux, créant une huile infusée au CBD.

Cette méthode présente l'avantage indéniable de la simplicité et de la sécurité, n'impliquant aucun solvant potentiellement dangereux. De plus, elle préserve un large spectre de composés bioactifs de la plante. Cependant, son rendement reste relativement faible comparé aux méthodes industrielles, et la concentration en CBD obtenue est généralement moins élevée et moins prévisible.

Pour améliorer l'efficacité de cette technique, certains producteurs artisanaux appliquent une étape préalable de décarboxylation (chauffage contrôlé de la matière végétale) avant l'infusion, permettant de transformer les acides cannabinoïques (CBDA) en leur forme active (CBD). La durée d'infusion et la température doivent être soigneusement contrôlées pour optimiser l'extraction tout en préservant l'intégrité des composés thermosensibles.

Biochimie du chanvre : composition cannabinoïde et profil moléculaire

La plante de chanvre constitue un véritable laboratoire biochimique naturel produisant plus de 500 composés différents, dont plus de 100 cannabinoïdes uniques. Cette complexité moléculaire exceptionnelle résulte de millions d'années d'évolution, au cours desquelles le cannabis a développé ces métabolites secondaires principalement comme mécanisme de défense contre les herbivores et les pathogènes. La compréhension de cette richesse biochimique s'avère fondamentale pour optimiser les procédés d'extraction et développer des produits à base de CBD efficaces.

Différence structurelle entre CBD, THC et autres cannabinoïdes

Bien que chimiquement proches, le CBD (cannabidiol) et le THC (tétrahydrocannabinol) présentent des différences structurelles subtiles mais déterminantes pour leurs effets biologiques. Les deux molécules partagent la même formule moléculaire (C₂₁H₃₀O₂) mais diffèrent dans l'arrangement spatial de leurs atomes. Le CBD possède une structure cyclique ouverte, tandis que le THC présente une structure cyclique fermée avec un groupe pyrane. Cette différence structurelle explique pourquoi le THC se lie efficacement aux récepteurs CB1 du système nerveux central, provoquant des effets psychoactifs, alors que le CBD a une faible affinité pour ces mêmes récepteurs.

D'autres cannabinoïdes importants comme le CBG (cannabigérol), précurseur biochimique du CBD et du THC, le CBC (cannabichromène) et le CBN (cannabinol, produit de dégradation du THC) présentent également des structures moléculaires distinctes influençant leurs propriétés pharmacologiques. Le cannabigérol (CBG) possède notamment une structure plus simple, étant souvent qualifié de "cellule souche" des cannabinoïdes. Sa présence dans les extraits apporte des propriétés anti-inflammatoires complémentaires à celles du CBD.

Ces cannabinoïdes existent naturellement dans la plante sous forme d'acides carboxyliques (CBDA, THCA, CBGA), qui sont ensuite décarboxylés (perte d'un groupe carboxyle CO₂) sous l'effet de la chaleur ou du vieillissement pour devenir leurs formes actives. Cette transformation chimique est cruciale dans les processus d'extraction et influence directement l'activité biologique des produits finaux.

Système endocannabinoïde humain : récepteurs CB1 et CB2

La découverte du système endocannabinoïde (SEC) dans les années 1990 a révolutionné notre compréhension des effets du cannabis sur l'organisme humain. Ce système physiologique complexe comprend des récepteurs cannabinoïdes (principalement CB1 et CB2), des ligands endogènes appelés endocannabinoïdes (anandamide et 2-AG), et des enzymes responsables de leur synthèse et dégradation. Ce réseau de signalisation intervient dans la régulation de nombreuses fonctions physiologiques : humeur, appétit, sommeil, perception de la douleur, immunité et neuroprotection.

Les récepteurs CB1, principalement localisés dans le cerveau et le système nerveux central, sont responsables des effets psychoactifs du THC lorsqu'il s'y lie. Le CBD, en revanche, interagit différemment avec le système endocannabinoïde : plutôt que d'activer directement les récepteurs, il module leur activité et influence indirectement les niveaux d'endocannabinoïdes en inhibant l'enzyme FAAH (Fatty Acid Amide Hydrolase) qui dégrade l'anandamide. Cette interaction indirecte explique l'absence d'effets psychoactifs du CBD malgré son influence notable sur le système nerveux.

Les récepteurs CB2, quant à eux, sont principalement exprimés dans les cellules immunitaires et les tissus périphériques. L'interaction des cannabinoïdes avec ces récepteurs contribue à leurs effets anti-inflammatoires et immunomodulateurs, particulièrement intéressants dans le contexte des maladies inflammatoires chroniques et auto-immunes. Le CBD présente une affinité modérée pour ces récepteurs, contribuant à son potentiel thérapeutique dans ces pathologies.

Effet d'entourage : synergie entre cannabinoïdes, terpènes et flavonoïdes

L' effet d'entourage désigne le phénomène synergique par lequel les multiples composés du cannabis agissent ensemble pour produire des effets supérieurs à

la somme de l'effet de chaque composé isolé. Cette théorie, initialement proposée par le chimiste israélien Raphael Mechoulam dans les années 1990, suggère que les cannabinoïdes agissent de manière optimale lorsqu'ils sont présents ensemble, dans leurs proportions naturelles, accompagnés des autres composés de la plante. Cette complexité biochimique explique pourquoi les extraits complets de chanvre présentent souvent une efficacité thérapeutique supérieure aux molécules isolées.

Les terpènes, molécules aromatiques volatiles responsables de l'odeur caractéristique du cannabis, jouent un rôle crucial dans cet effet d'entourage. Des terpènes comme le myrcène (sédatif), le limonène (antidépresseur), le pinène (anti-inflammatoire) ou le linalol (anxiolytique) modulent l'action des cannabinoïdes en influençant leur absorption, leur distribution et leur interaction avec les récepteurs cellulaires. Par exemple, le myrcène augmente la perméabilité de la barrière hémato-encéphalique, facilitant le passage des cannabinoïdes vers le cerveau.

Les flavonoïdes, puissants antioxydants présents dans le chanvre, contribuent également à cet effet synergique. Des composés comme la quercétine, la lutéoline et la cannflavine A possèdent des propriétés anti-inflammatoires et neuroprotectrices qui complètent l'action des cannabinoïdes. Les méthodes d'extraction préservant l'intégralité de ce profil phytochimique, comme l'extraction au CO2 supercritique à basse température, permettent de capturer cette synergie naturelle dans le produit final.

Profil cannabinoïde des variétés cannabis sativa L. autorisées en europe

Les variétés de chanvre industriel (Cannabis sativa L.) légalement cultivées en Europe sont issues d'un travail de sélection génétique rigoureux visant à maximiser la production de fibres et de graines tout en minimisant la teneur en THC. Ces cultivars, inscrits au catalogue européen des variétés végétales, présentent un profil cannabinoïde distinct des variétés de cannabis récréatif. La législation européenne exige que ces variétés contiennent moins de 0,3% de THC (0,2% jusqu'à récemment), seuil en-dessous duquel les effets psychoactifs sont considérés comme négligeables.

Les variétés comme Fedora 17, Felina 32, Futura 75 ou Santhica, largement cultivées en France et en Europe, présentent généralement un ratio CBD:THC élevé, certaines atteignant des proportions de 25:1 ou plus. Cette caractéristique les rend particulièrement adaptées à l'extraction de CBD à des fins thérapeutiques sans risque d'effets psychoactifs indésirables. Certaines variétés plus récentes comme Earlina LC ou USO-31 ont été spécifiquement sélectionnées pour maximiser la production de CBD tout en maintenant des niveaux de THC extrêmement bas.

Le profil cannabinoïde varie considérablement selon la génétique, les conditions de culture et le stade de récolte. Les cannabinoïdes mineurs comme le CBG, CBC, CBN ou THCV sont présents en quantités variables selon les cultivars, contribuant à la signature biochimique unique de chaque variété. Ces subtiles différences expliquent pourquoi certains producteurs privilégient des variétés spécifiques pour développer des produits ciblant des applications thérapeutiques particulières.

Cadre réglementaire et légal de l'extraction du CBD en france

L'encadrement juridique de l'extraction du CBD en France a connu des évolutions significatives ces dernières années, reflétant la tension entre le potentiel thérapeutique reconnu du cannabidiol et les préoccupations liées à son origine botanique commune avec le cannabis récréatif. Naviguer dans ce paysage réglementaire complexe constitue un défi majeur pour les acteurs de la filière, depuis les cultivateurs jusqu'aux fabricants de produits finis. La compréhension approfondie du cadre légal est essentielle pour développer une activité pérenne dans ce secteur en pleine expansion.

Législation française sur les extraits de chanvre depuis l'arrêt kanavape

L'arrêt Kanavape, rendu par la Cour de Justice de l'Union Européenne (CJUE) le 19 novembre 2020, a profondément modifié le cadre juridique français concernant le CBD. Dans cette décision historique, la CJUE a statué que la France ne pouvait pas interdire la commercialisation du CBD légalement produit dans un autre État membre, considérant que cette molécule ne présentait pas de risques avérés pour la santé publique et ne constituait pas un stupéfiant au sens des conventions internationales. Cette jurisprudence a contraint les autorités françaises à revoir leur position restrictive.

Suite à cet arrêt, la France a publié le 30 décembre 2021 un nouvel arrêté autorisant l'utilisation de toutes les parties de la plante de chanvre (y compris les fleurs et feuilles précédemment interdites) pour l'extraction du CBD, à condition que les variétés utilisées soient inscrites au catalogue officiel et que leur teneur en THC ne dépasse pas 0,3%. Cependant, une disposition controversée interdisant la vente directe de fleurs et feuilles brutes aux consommateurs a été annulée par le Conseil d'État en décembre 2022, élargissant encore le cadre légal de la filière.

Ces évolutions réglementaires ont considérablement clarifié le statut des extraits de CBD en France, permettant le développement d'une filière d'extraction nationale. Néanmoins, l'interprétation de certaines dispositions reste parfois sujette à débat, notamment concernant les niveaux de trace de THC tolérés dans les produits finis ou les allégations commerciales autorisées. Les opérateurs doivent donc rester attentifs aux évolutions jurisprudentielles et aux précisions administratives régulièrement publiées.

Normes européennes et taux de THC autorisés dans les cultures

La réglementation européenne sur le chanvre industriel constitue le cadre de référence dans lequel s'inscrivent les législations nationales des États membres. Le règlement (UE) n°1307/2013 puis le règlement (UE) 2018/1237 ont progressivement fait évoluer la limite maximale de THC autorisée dans les cultures de chanvre de 0,2% à 0,3% pour harmoniser les standards européens avec ceux appliqués dans d'autres régions du monde. Cette évolution, entrée en vigueur en 2023, offre aux agriculteurs européens un accès à une plus large gamme de variétés et améliore la compétitivité internationale de la filière.

Pour bénéficier des aides de la Politique Agricole Commune (PAC), les cultivateurs de chanvre doivent utiliser exclusivement des semences certifiées de variétés inscrites au catalogue européen et présentant une teneur en THC inférieure à la limite réglementaire. Des contrôles aléatoires sont effectués chaque année sur environ 30% des surfaces déclarées pour vérifier le respect de cette exigence. Le dépassement du seuil autorisé peut entraîner l'exclusion des aides et des sanctions administratives, voire pénales en cas de dépassement significatif.

La législation européenne distingue clairement le chanvre industriel du cannabis à usage récréatif, reconnaissant le potentiel économique et environnemental de cette culture polyvalente tout en maintenant un contrôle strict sur sa teneur en substances psychoactives.

Concernant les extraits de chanvre et les produits à base de CBD, la situation réglementaire varie selon les États membres, créant parfois des tensions avec le principe de libre circulation des marchandises au sein du marché unique. La Commission européenne travaille actuellement à l'élaboration d'un cadre harmonisé pour les produits contenant du CBD, notamment à travers la révision du règlement sur les nouveaux aliments (Novel Food) qui impacte directement les compléments alimentaires et denrées incorporant du cannabidiol.

Certification bio et contrôle qualité : labels AB et ECOCERT

La certification biologique constitue un enjeu majeur pour la filière d'extraction du CBD, répondant à une demande croissante des consommateurs pour des produits naturels et écologiquement responsables. En France, deux certifications principales permettent de garantir le respect des pratiques d'agriculture biologique : le label Agriculture Biologique (AB) et la certification ECOCERT. Ces labels attestent que la culture du chanvre a été réalisée sans pesticides chimiques, sans engrais de synthèse et dans le respect de la biodiversité.

Pour obtenir ces certifications, les producteurs de chanvre doivent respecter une période de conversion de 2 à 3 ans et se soumettre à des contrôles réguliers par des organismes indépendants. Le cahier des charges couvre l'ensemble du cycle de production, de la préparation du sol à la récolte. Pour les extracteurs, la certification s'étend aux procédés utilisés, exigeant notamment l'absence de solvants chimiques nocifs. L'extraction par CO2 supercritique est particulièrement compatible avec les exigences de l'agriculture biologique, contrairement à certaines méthodes utilisant des solvants pétroliers.

Au-delà de la certification biologique, des standards de qualité spécifiques à l'industrie du CBD commencent à émerger. Des initiatives comme le label "Chanvre Bien-Être" en France ou le "European Industrial Hemp Association (EIHA) Novel Food Consortium" au niveau européen visent à établir des référentiels de bonnes pratiques couvrant l'ensemble de la chaîne de valeur, de la culture à l'extraction et au conditionnement des produits finis. Ces démarches volontaires complètent le cadre réglementaire officiel et renforcent la confiance des consommateurs.

Traçabilité de la filière chanvre : de la graine à l'extraction

La traçabilité intégrale constitue un pilier fondamental de la légitimité et de la crédibilité de l'industrie du CBD. Ce système documenté permet de suivre le parcours du produit depuis les semences de chanvre jusqu'au produit final, garantissant la conformité réglementaire à chaque étape et assurant la qualité du produit pour le consommateur. En France, cette traçabilité commence par l'obligation d'utiliser exclusivement des semences certifiées, dont les lots sont identifiés et enregistrés par les autorités compétentes.

Les cultivateurs doivent conserver les factures d'achat des semences, les certificats variétaux et les documents relatifs à leurs déclarations PAC. Ces éléments permettent de prouver l'origine légale de leur production en cas de contrôle. Pour les transformateurs et extracteurs, la traçabilité implique la documentation des lots de matière première reçus, des paramètres d'extraction appliqués et des résultats d'analyses attestant de la conformité des extraits produits, notamment concernant leur teneur en THC.

Les technologies numériques comme la blockchain commencent à être déployées dans la filière pour renforcer cette traçabilité. Ces systèmes permettent d'enregistrer de manière immuable et transparente toutes les transactions et transferts de produits entre les différents acteurs, depuis l'agriculteur jusqu'au détaillant. Le consommateur peut ainsi, via un QR code apposé sur l'emballage du produit final, accéder à l'ensemble des informations relatives à son origine et à sa transformation. Cette transparence renforcée constitue un avantage concurrentiel significatif sur un marché où la confiance représente un enjeu majeur.

Avantages thérapeutiques des extraits complets de chanvre

Les recherches scientifiques sur les propriétés thérapeutiques du chanvre se sont considérablement intensifiées ces dernières années, révélant le potentiel remarquable des extraits complets par rapport aux molécules isolées. Cette approche holistique, exploitant la synergie naturelle entre les différents composés de la plante, ouvre des perspectives prometteuses pour diverses applications médicales, de la gestion de l'anxiété au traitement des douleurs chroniques. L'évaluation rigoureuse de ces bénéfices, à travers des études cliniques et des protocoles standardisés, contribue à l'intégration progressive du CBD dans l'arsenal thérapeutique conventionnel.

Différences cliniques entre isolat de CBD et extraits à spectre complet

La distinction entre isolat de CBD et extraits à spectre complet représente bien plus qu'une simple nuance technique : elle implique des différences significatives en termes d'efficacité thérapeutique. L'isolat, constitué uniquement de molécules de cannabidiol purifiées (généralement >99%), offre une composition standardisée et prévisible, particulièrement adaptée aux études cliniques et aux applications pharmaceutiques exigeant une précision dosimétrique. En revanche, les extraits à spectre complet conservent l'ensemble des cannabinoïdes, terpènes et flavonoïdes naturellement présents dans la plante, dans leurs proportions d'origine.

Les études comparatives ont mis en évidence ce qu'on appelle la "courbe de réponse en cloche" du CBD isolé : son efficacité augmente jusqu'à une dose optimale, puis diminue à des doses plus élevées. Ce phénomène limite la fenêtre thérapeutique et complique la détermination du dosage idéal. Les extraits à spectre complet, grâce à l'effet d'entourage, présentent généralement une courbe de réponse plus linéaire et une fenêtre thérapeutique plus large, permettant une efficacité à des doses plus faibles de CBD et une meilleure tolérance à des doses élevées.

Une étude israélienne publiée dans la revue Pharmacology & Pharmacy en 2015 a démontré que les patients épileptiques traités avec des extraits complets de chanvre nécessitaient des doses de CBD jusqu'à quatre fois inférieures à celles requises avec un isolat pour obtenir des résultats comparables. De plus, les effets secondaires étaient significativement réduits avec l'extrait complet. Cette efficacité supérieure s'explique par la présence de cannabinoïdes mineurs comme le CBC, CBG et THCV, qui modulent l'activité du CBD et contribuent par leurs propres mécanismes d'action à l'effet thérapeutique global.

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